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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/264

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L’AMI FRITZ.

« Entre donc, Katel, lui dit Fritz, je suis dans un grand embarras : Hâan et Schouitz veulent absolument que j’aille avec eux à la fête de Bischem ; ils m’ont tant prié, que j’ai fini par accepter. Mais à cette fête arrivent des centaines de Prussiens, des juges, des officiers, un tas de gens glorieux, mis à la dernière mode de France, et qui nous regardent par-dessus l’épaule, nous autres Bavarois. Comment m’habiller ? Je ne connais rien à ces choses-là, moi, ce n’est pas mon affaire. »

Les petits yeux de Katel se plissèrent ; elle était heureuse de voir qu’on avait besoin d’elle dans une circonstance aussi grave, et déposant son tricot sur la table, elle dit :

« Vous avez bien raison de m’appeler, monsieur. Dieu merci, ce ne sera pas la première fois que j’aurai donné des conseils pour se bien vêtir selon le temps et les personnes. M. le juge de paix, votre père, avait coutume de m’appeler quand il allait en visite de cérémonie ; c’est moi qui lui disais : « Sauf votre respect, monsieur le juge, il vous manque encore ceci ou cela. » Et c’était toujours juste ; chacun devait reconnaître en ville, que, pour la belle et bonne tenue, M. Kobus n’avait pas son pareil.

— Bon ! bon ! je te crois, dit Fritz, et je suis