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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/268

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L’AMI FRITZ.

plaît d’en boire une. Nous sommes des gens connus, établis ; quand on parle de M. Kobus, on sait que sa ferme est à Meisenthâl, son bois de hêtres à Michelsberg…

— Sans doute, sans doute ; mais ce sont de beaux hommes ces officiers prussiens, avec leurs grandes moustaches, et plus d’une jeune fille, en les voyant…

— Ne croyez donc pas les filles si bêtes, interrompit Katel, qui tirait alors de l’armoire plusieurs habits, et les étalait sur la commode ; les filles savent aussi faire la différence d’un oiseau qui passe dans le ciel, et d’un autre qui tourne à la broche ; le plus grand nombre aiment à se tenir au coin du feu, et celles qui regardent les Prussiens, ne valent pas la peine qu’on s’en occupe. Mais tenez, voici vos habits, il n’en manque pas. »

Fritz se mit à contempler sa garde-robe, et, au bout d’un instant, il dit :

« Cette capote à collet de velours noir me donne dans l’œil, Katel.

— Que pensez-vous, monsieur ? s’écria la vieille en joignant les mains, une capote pour aller avec une chemise à jabot !

— Et pourquoi pas ? l’étoffe en est magnifique.

— Vous voulez être habillé, monsieur ?