Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
L’AMI FRITZ.

— Pour deux heures, monsieur. »

Alors il pensait :

« Pourvu qu’elle soit là-bas, pourvu que le vieux Christel ne se soit pas ravisé ? »

Cette crainte l’assombrissait ; mais, un instant après, la confiance lui revenait, un flot de sang lui colorait les joues.

« Elle est là, pensait-il, j’en suis sûr. C’est impossible autrement. »

Et tandis que Hâan et Schoultz se laissaient bercer, qu’ils s’étendaient, riant en eux-mêmes, et laissant filer la fumée tout doucement de leurs lèvres, pour mieux la savourer, lui se dressait à chaque seconde, regardant en tout sens, et trouvant que les chevaux n’allaient pas assez vite.

Deux ou trois villages passèrent en une heure, puis deux autres encore, et enfin la berline descendit au vallon d’Altenbruck. Kobus se rappela tout de suite que Bischem était sur l’autre versant de la côte. Le temps de monter au pas lui parut bien long ; mais enfin ils s’avancèrent sur le plateau, et Zimmer, claquant du fouet, s’écria :

« Voici Bischem ! »

En effet, ils découvrirent presque au même instant l’antique bourgade autour de la vallée en face ; sa grande rue tortueuse, ses façades décrépites sillonnées de poutrelles sculptées, ses gale-