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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/283

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L’AMI FRITZ.

ries de planches, ses escaliers extérieurs, ses portes cochères, où sont clouées des chouettes déplumées, ses toits de tuiles, d’ardoises et de bardeaux, rappelant les guerres des margraves, des landgraves, des Armléders, des Suédois, des Républicains ; tout cela bâti, brûlé, rebâti vingt fois de siècle en siècle : une maison à droite du temps de Hoche, une autre à gauche du temps de Mélac, une autre plus loin du temps de Barberousse.

Et les grands tricornes, les bavolets à deux pièces, les gilets rouges, les corsets à bretelles, allant, venant, se retournant et regardant ; les chiens accourant, les oies et les poules se dispersant avec des cris qui n’en finissaient plus : voilà ce qu’ils virent, tandis que la berline descendait au triple galop la grande rue, et que Zimmer, le coude en équerre, sonnait une fanfare à réveiller les morts.

Hâan et Schoultz observaient ces choses et jouissaient de l’admiration universelle. Ils virent au détour d’une rue, sur la place des Deux-Boucs, l’antique fontaine, la Madame-Hütte en planches de sapin, les baraques des marchands, et la foule tourbillonnante : cela passa comme l’éclair. Plus loin, ils aperçurent la vieille église Saint-Ulrich et ses deux hautes tours carrées, surmontées de la calotte d’ardoises, avec leurs grandes baies en