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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/290

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L’AMI FRITZ.

petits enfants assis sur des bottes de paille, et de pauvres vieilles toutes décrépites, les cheveux blancs comme du lin, regardaient d’un air calme ; tandis que cinq ou six rosses, la croupe couverte de peaux de chien, tiraient lentement. Derrière arrivaient les hommes, les femmes, et trois vieillards, les reins courbés, la tête nue, appuyés sur des bâtons. Ils chantaient en chœur :


Quelle est la patrie allemande ?
Quelle est la patrie allemande ?

Et les vieux répondaient :


Amérika ! Amérika ![1]

Les officiers prussiens se disaient entre eux :

« On devrait arrêter ces gens-là ! »

Hâan, entendant ces propos, ne put s’empêcher de répondre d’un ton ironique :

« Ils disent que la Prusse est la patrie allemande ; on devrait leur tordre le cou ! »

Les officiers prussiens le regardèrent d’un œil louche ; mais il n’avait pas peur, et Schoultz lui-même relevait le front d’un air digne. Kobus venait de se lever tranquillement et de sortir, comme pour s’informer de quelque chose

  1. L’Amérique ! l’Amérique !