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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/299

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L’AMI FRITZ.

thousiasme, et les deux mains en l’air, agitant son feutre, il criait :

« Iôsef ! Iôsef ! »

Tandis que la foule se dressait à droite et à gauche, et se penchait pour voir quel bon vivant était capable de pousser des cris pareils. Mais quand on vit Hâan, Schoûltz et Kobus s’avancer riant, jubilant, la face pourpre et se dandinant au bras l’un de l’autre, comme il arrive après boire, un immense éclat de rire retentit dans la baraque, car chacun pensait : « Voilà des gaillards qui se portent bien et qui viennent de bien dîner. »

Cependant Iôsef avait tourné la tête, et reconnaissant de loin Kobus, il étendait les bras en croix, l’archet dans une main et le violon dans l’autre. C’est ainsi qu’il descendit de l’estrade, pendant que Fritz montait ; ils s’embrassèrent à mi-chemin, et tout le monde fut émerveillé.

« Qui diable cela peut-il être ? disait-on. Un homme si magnifique qui se laisse embrasser par le Bohémien… »

Et Bockel, Andrès, tout l’orchestre penché sur la rampe, applaudissait à ce spectacle.

Enfin Iôsef, se redressant, leva son archet et dit :