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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/300

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L’AMI FRITZ.

« Écoutez ! voici M. Kobus, de Hunebourg, mon ami, qui va danser un treieleins avec ses deux camarades. Quelqu’un s’oppose-t-il à cela ?

— Non, non, qu’il danse ! cria-t-on de tous les coins.

— Alors, dit Iôsef, je vais donc jouer une valse, la valse de Iôsef Almâni, composée en rêvant à celui qui l’a secouru un jour de grande détresse. Cette valse, Kobus, personne ne l’a jamais entendue jusqu’à ce moment, excepté Bockel, Andrès et les arbres du Tannewald ; choisis-toi donc une belle danseuse selon ton cœur ; et vous, Hâan et Schoûltz, choisissez également les vôtres : personne que vous ne dansera la valse d’Almâni. »

Fritz s’étant retourné sur les marches de l’estrade, promena ses regards autour de la salle, et il eut peur un instant de ne pas trouver Sûzel. Les belles filles ne manquaient pas : des noires et des brunes, des rousses et des blondes, toutes se redressaient, regardant vers Kobus, et rougissant lorsqu’il arrêtait la vue sur elles ; car c’est un grand honneur d’être choisie par un si bel homme, surtout pour danser le treieleins. Mais Fritz ne les voyait pas rougir ; il ne les voyait pas se redresser comme les hussards de Frédéric-Wilhelm à la parade, effaçant leurs épaules et se mettant la bouche en