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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/310

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L’AMI FRITZ.

dehors, ainsi que Sûzel ; l’autre anabaptiste les suivait.

« Père Christel, reprit-il en le tenant par une agrafe de sa souquenille, vous n’avez pas tout à fait tort en ce qui vous concerne ; mais à quoi bon emmener Sûzel ? Vous pourriez bien me la confier ; l’occasion de prendre un peu de plaisir n’arrive pas si souvent, que diable !

— Hé, mon Dieu, je vous la confierais avec plaisir ! s’écria le fermier en levant les mains ; elle serait avec vous comme avec son propre père, monsieur Kobus ; seulement, ce serait une perte pour nous. On ne peut pas laisser les ouvriers seuls… ma femme fait la cuisine, moi, je conduis la voiture… Si le temps changeait, qui sait quand nous rentrerions les foins ? Et puis, nous avons une affaire de famille à terminer, une affaire très-sérieuse. »

En disant cela, il regardait l’autre anabaptiste, qui inclina gravement la tête.

« Monsieur Kobus, je vous en prie, ne nous retenez pas, vous auriez réellement tort ; n’est-ce pas, Sûzel ? »

Sûzel ne répondit pas ; elle regardait à terre, et l’on voyait bien qu’elle aurait voulu rester.

Fritz comprit qu’en insistant davantage, il pourrait donner l’éveil à tout le monde ; c’est pourquoi