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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/316

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L’AMI FRITZ.

me rappelle pas avoir vu d’aussi beau temps pour la rentrée des foins. Et cette année-là le vin fut aussi très-bon, c’était un vin tendre ; il y eut pleine récolte et pleines vendanges.

— Tu t’es bien amusée, Sûzel ? demandait Fritz.

— Oh ! oui, monsieur Kobus, faisait la petite, je ne me suisjamais tant amusée qu’aujourd’hui… Je m’en souviendrai longtemps ! »

Elle regardait Fritz, dont les yeux étaient troubles.

« Allons, encore un verre, » disait-il.

Et en versant il lui touchait la main, ce qui la faisait frissonner des pieds à la tête.

« Aimes-tu le treieleins, Sûzel ?

— C’est la plus belle danse, monsieur Kobus, comment ne l’aimerais-je pas ! Et puis, avec une si belle musique !… Ah ! que cette musique était belle !

— Tu l’entends, Iôsef, murmurait Fritz !

— Oui, oui, répondait le bohémien tout bas, je l’entends, Kobus, ça me fait plaisir… je suis content ! »

Il regardait Fritz jusqu’au fond de l’âme, et Kobus se trouvait tellement heureux qu’il ne savait que dire.

Cependant les trois bouteilles étaient vides ; Fritz, se tournant vers l’aubergiste, lui dit :