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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/338

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L’AMI FRITZ.

Katel, de la cuisine, avait entendu quelque chose, et, les voyant passer, elle ne dit rien, s’étonnant et se réjouissant de ces événements étranges. Ils traversèrent la ville, perdus dans leurs réflexions, sans s’apercevoir que les gens les regardaient avec surprise. Une fois dehors, le grand air rétablit Fritz, et, tout en descendant le sentier du Postthâl, il se mit à raconter les choses qui s’étaient accomplies depuis trois mois : la manière dont il s’était aperçu de son amour pour Sûzel ; comment il avait voulu s’en distraire ; comment il avait entrepris un voyage avec Hâan ; mais que cette idée le suivait partout, qu’il ne pouvait plus prendre un verre de vin sans radoter d’amour ; et, finalement, comment il s’était abandonné lui-même à la grâce de Dieu.

David, la tête penchée, tout en trottant, riait dans sa barbiche grise, et, de temps en temps, clignant des yeux :

« Hé ! hé ! hé ! faisait-il, je te le disais bien, Kobus, je te le disais bien, on ne peut résister ! Vous étiez donc à faire de la musique, et tu chantais Rosette, si bien faite… Et puis ? »

Fritz poursuivait son histoire.

« C’est bien ça… c’est bien ça, reprenait le vieux David, hé ! hé ! hé ! Ça te persécutait… c’était plus fort que toi. Oui… oui… je me figure