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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/340

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L’AMI FRITZ.

Tu m’as ravi le cœur par l’un de tes yeux ; tu m’as ravi le cœur par un des grains de ton collier. »

Fritz trouvait ces réflexions très-belles. Pour la troisième fois, il rentrait dans de nouveaux détails, lorsque le vieux rebbe, s’arrêtant au coin du bois, près de la roche des Tourterelles, à dix minutes de la ferme, lui dit :

« Voici le Meisenthâl. Tu me raconteras le reste plus tard. Maintenant, je vais descendre, et toi, tu m’attendras ici.

— Comment ! il faut que je reste ? demanda Kobus.

— Oui, c’est une affaire délicate ; je serai sans doute forcé de parlementer avec ces gens ; qui sait ? ils ont peut-être fait des promesses à l’anabaptiste. Il vaut mieux que tu n’y sois pas. Reste ici, je vais descendre seul ; si les choses vont bien, tu me verras reparaître au coin du hangar ; je lèverai mon mouchoir, et tu sauras ce que cela veut dire. »

Fritz, malgré sa grande impatience, dut reconnaître que ces raisons étaient bonnes. Il fit donc halte sur la lisière du bois, et David descendit, en trottinant comme un vieux lièvre dans les bruyères, la tête penchée et le bâton de Kobus, qu’il avait pris, en avant.

Il pouvait être alors une heure ; le soleil, dans