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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/346

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L’AMI FRITZ.

Cependant, à la fin, Fritz s’étant écrié d’une voix tremblante :

« Sûzel, tu ne m’aimes donc pas, que tu refuses de répondre ? »

Tout à coup, se levant comme une désespérée, elle vint se jeter dans ses bras en s’écriant :

«  Oh ! si, je vous aime ! »

Et elle pleura, tandis que Fritz la pressait sur son cœur, et que de grosses larmes coulaient sur ses joues.

Tous les assistants pleuraient avec eux : Mayel, son balai à la main, regardait, le cou tendu, dans l’embrasure de la cuisine ; et, tout autour des fenêtres, à cinq ou six pas, on apercevait des figures curieuses, les yeux écarquillés, se penchant pour voir et pour entendre.

Enfin le vieux rebbe se moucha, et dit :

« C’est bon… c’est bon… Aimez-vous… aimez-vous ! »

Et il allait sans doute ajouter quelque sentence, lorsque tout à coup Fritz, poussant un cri de triomphe, passa la main autour de la taille de Sûzel, et se mit à walser avec elle, en criant : «  You ! houpsa, Sûzel ! You ! you ! you ! you ! you ! »

Alors tous ces gens qui pleuraient se mirent à rire, et la petite Sûzel, souriant à travers ses