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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/347

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L’AMI FRITZ.

larmes, cacha sa jolie figure dans le sein de Kobus.

La joie se peignait sur tous les visages ; on aurait dit un de ces magnifiques coups de soleil, qui suivent les chaudes averses du printemps.

Deux grosses filles, avec leurs immenses chapeaux de paille en parasol, la figure pourpre et les yeux écarquillés, s’étaient enhardies jusqu’à venir croiser leurs bras au bord d’une fenêtre, regardant et riant de bon cœur. Derrière elles, tous les autres se penchaient l’oreille tendue.

Orchel, qui venait de sortir en essuyant ses joues avec son tablier, reparut apportant une bouteille et des verres :

« Voici la bouteille de vin que vous nous avez envoyée par Sûzel, il y a trois mois, dit-elle à Fritz ; je la gardais pour la fête de Christel ; mais nous pouvons bien la boire aujourd’hui. »

On entendit au même instant le fouet claquer dehors, et Zaphéri, le garçon de ferme, s’écrier : « En route ! »

Les fenêtres se dégarnirent, et comme l’anabaptiste remplissait les verres, le vieux rebbe tout joyeux, lui dit :

« Eh bien ! Christel, à quand les noces ? »

Ces paroles rendirent Sûzel et Fritz attentifs.