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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/353

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L’AMI FRITZ.

arpents lui appartenaient, le vieux rebbe levant le doigt, dit en souriant :

« Rappelle-toi, Kobus, rappelle-toi notre discussion sur le mariage, à la fin du dîner, il y a trois mois, dans cette chambre ! »

Alors Fritz se rappela leur pari :

« C’est vrai, dit-il en rougissant, ces trois arpents de vigne sont à David, il me les a gagnés ; mais puisqu’il les donne à Sûzel, je les accepte pour elle. Seulement, ajoutez qu’il s’en réserve la jouissance ; je veux qu’il puisse en boire le vin jusqu’à l’âge avancé de son grand-père Mathusalem, c’est indispensable à mon bonheur. Et mettez aussi, Müntz, que Sûzel apporte en dot la ferme de Meisenthâl, que je lui donne en signe d’amour ; Christel et Orchel la cultiveront pour leurs enfants, cela leur fera plus de plaisir. »

C’est ainsi que fut écrit le contrat de mariage.

Et quant au reste, quant à l’arrivée de Iôsef Almâni, de Bockel et d’Andrès, accourant de quinze lieues, faire de la musique à la noce de leur ami Kobus ; quant au festin, ordonné par la vieille Katel, selon toutes les règles de son art, avec le concours de la cuisinière du Bœuf-Rouge ; quant à la grâce naïve de Sûzel, à la joie de Fritz, à la dignité de Hâan et de Schoûltz, ses garçons d’honneur, à la belle allocution de M. le pasteur