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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/118

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« L’autorité de l’Empereur est divine. On lui doit culte, soumission, service, amour, actions de grâces, prières, en un mot adoration. Il faut l’adorer en paroles, en signes, en actions, dans le fond du cœur. Il faut respecter les autorités qu’il nomme, parce qu’elles nous viennent de lui. L’empereur est le vicaire de Dieu. »

Pour moi, je ne trouve pas qu’il soit plus absurde d’adorer le Tzar que le Dieu de quelque culte que ce soit, Je fais seulement remarquer quelle puissance donne à un homme une autorité aussi absolue, quelle confiance en lui-même il en retire, combien l’obéissance et la crainte qu’il inspire sont faites pour lui donner foi dans son infaillibilité. Croit-on bien aussi que l’habitude des affaires difficiles, le maniement journalier d’immenses intérêts, les relations incessantes avec les représentants les plus distingués des diplomaties et des gouvernements, afin l’extrême amour-propre que tout homme dépense au service de ses entreprises, quand il se sait observé par le monde entier ; croit-on que tous ces mobiles ne soient pas de nature à faire des tzars des hommes d’état remarquables, pour peu qu’ils soient d’une constitution puissante ? Or, de toutes les races royales, la famille des Romanoff est encore la moins flétrie.


XVIII.   C’est s’aveugler grossièrement sur l’esprit humain que de méconnaître l’incontestable influence qu’exerce sur lui le fait accompli. Cette disposition de notre caractère est grandement favorable au despotisme, car il peut se présenter aux masses avec des forces imposantes, une hiérarchie toute créée et des codes en vigueur. En dépit de toutes les philippiques des Démosthènes de la bourgeoisie, le peuple est terriblement, prosaïquement réaliste. Il est partisan de la dictature, il se mire dans le Despotisme ; il aime l’homme fort, le bon mâle, et pour dire les choses