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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/121

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uns, au nom de Dieu, proposent aux peuples le Despotisme absolu ; les autres, au nom du peuple, proclament pour lui la République. Petite affaire, en vérité !!… Car le peuple de ce notre xixe siècle est devenu d’un positivisme désespérant pour les ambitieux. Peu lui importent, au peuple, l’euphémie du mot République, l’excellence du calendrier républicain, du sens moral, de la vertu et de la sobriété lacédémoniennes, la déclaration des imprescriptibles droits de l’homme et du citoyen, le culte de l’Être-Suprême........ ou la sainteté du droit divin. Autant de ritournelles qui le sauvent pas des 43 centimes additionnels et des ordonnances de Juillet. De cela, par exemple, le peuple n’en veut décidément plus. Ce qu’il lui faut, avant tout, c’est un gouvernement à bon marché, et comme tous les gouvernements sont chers, le peuple finira par se passer de gouvernement. Ce qu’il faut définitivement au peuple, ce qu’on ne peut plus lui marchander, c’est la Liberté, la Justice, le Bonheur, le Luxe, l’incessante circulation et l’équitable Distribution des biens de la terre par la suppression du Privilège et de la Propriété.


XXI.   Le peuple est devenu terriblement jouisseur. Cela peut effrayer les Calebs de l’aristocratie légitime, gens qui prétendent que les houppes nerveuses de la vile multitude sont d’une texture plus grossière que les leurs… Mais cela est. Le peuple veut le champ, la forêt, la maison commode, la cave fraîche et le grenier spacieux, l’aisance, les fêtes, les théâtres, les femmes vêtues de gaze rose, les joyeux banquets, les voyages sur les grandes mers, et les lacs de cristal, et les montagnes blanches..... absolument comme un gentilhomme de qualité. — Le peuple se sent assez de force, d’intelligence, d’art et d’aspirations sublimes pour absorber tout ce qu’il y a d’existence dans ce monde étroit. Il veut rompre sa longue abstinence ; il a les