Aller au contenu

Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

potiques qui soient au monde, ces peuples se reconnaissent cependant par leur génie commun. Leur langue, leur caractère sont d’une même famille. Tous se sont conservés mâles et audacieux en dépit d’un esclavage séculaire ; tous aiment l’indépendance et la guerre, depuis l’Albanais revêtu d’armes éclatantes jusqu’au dur Cosaque dont la vie s’épuise au milieu des combats.

Tous sont fiers et braves, titrés en affectivité native ; tous s’appellent frères ; tous sont hospitaliers : jamais, sous leurs tentes, l’asile ne fut refusé à l’homme en guerre avec ses gouvernements. Ils ne tiennent ni au Pouvoir par des sanctions qui sont l’apanage de leur noblesse, ni au sol par la cupidité propriétaire qui dessèche le cœur, mais ils reflètent le type de leur race dans je ne sais quelle liberté sauvage qui embellit la vie. Ils aiment les déserts sans routes, les larges horizons qui vont aux nues. Ils errent dans les steppes par communautés nombreuses, et les grands spectacles d’une nature insoumise effacent en eux jusqu’au souvenir d’une tyrannie lointaine. Le Tzar les craint et ne les possède que de nom. Et le seigneur sait bien qu’ils ne connaissent d’autres vengeances que le meurtre, l’incendie et les conspirations formidables. La fierté est le fond du caractère Slave.

On n’apprend pas notre langage d’antichambre à des voix qui dominent le bruit des éléments ; on n’isole point, par la soif du lucre, des hommes qui ne sont point cupides et dont les possessions viagères ne sont séparées que par d’étroites bandes de gazon. On ne convertit pas du jour au lendemain, en voleurs ou en dupes, des millions d’hommes vivant sous le système de la communauté rurale, reliés par un républicanisme militaire, des affiliations et des sectes qui tendent à l’affranchissement et à l’égalité. On ne soumet pas facilement des peuplades armées, vagabondes, n’ayant d’autre abri que la voûte des cieux,