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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/176

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d’autre lit que la terre. On ne corromp pas, avec les pompes de la civilisation de la civilisation, des natures sauvages qui n’ont besoin que d’air et de mouvement, qui se nourrissent d’écorces des bouleaux et de sapins broyées.

Ils sont libres dans le temps comme dans l’espace. Ils n’ont pas de regrets pour un passé qui les a courbés sous les plus farouches despotismes, pas de traditions : car l’histoire de la Russie n’est encore que l’histoire de la noblesse russe, les serfs n’y sont pas comptés. Ils ne vivent non plus dans un présent qui n’a rien fait pour eux que les ravaler, comme le passé, au niveau de la brute. Mais ils se lancent vers l’avenir avec cette extrême foi, cette témérité puissante des peuples qui n’ont pas encore accompli leurs destinées. Ils ont poussés en avant par un insatiable besoin d’agrandissement, par la sève exubérante et les douleurs de la croissance, par les prophéties de leurs devins, le fanatisme de leurs prêtres, l’ambition de leurs généraux, l’enthousiasme national. Jusqu’à présent, ils ont vécu sur la civilisation européenne sans la seconder. Or, tout être qui consomme doit produire sous peine de mort. Les Slaves produiront donc : ils rendront au centuple aux nations civilisées ce qu’il en reçoivent depuis des siècles.


III.   Examinons rapidement les coutumes et les tendance des russo-slaves, et dans chacune nous trouverons un indice du rôle que doivent jouer ces populations dans l’émancipation européenne.

Considéré en masse, le peuple russe est encore plongé dans cette demi-civilisation voisine de la Barbarie dont parle Fourier.

Il est organisé en communes rurales. — Chaque membre de la commune possède, sa vie durant, une portion de