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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/230

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développement et d’harmonie avec le milieu qui l’entoure.

La Crise, c’est la Souffrance, mais c’est aussi le Salut. « Il faut bien le dire : le Progrès jusqu’ici naquit du sang et des larmes : les révolutions ne s’ouvrent qu’en déchirant. » Voilà ce qu’écrit la rédaction du journal l’Homme, malgré son inébranlable confiance dans l’initiative lentement progressive et pacifique de la nation française, de la bourgeoisie occidentale, de l’imprimerie et de la vapeur !

Et moi je dis à mes semblables : Si vous ne voulez pas accepter la révolution, alors suicidez-vous. Car toute votre vie est une révolution péniblement marquée par le passage d’un âge à un autre âge, d’un sentiment, d’une occupation à des sentiments et des occupations autres. Tous les jours vos tissus se renouvellent et vos fonctions s’harmonisent sur cette incessante transformation. Croître, décroître, procréer, vivre enfin, ce sont autant de manifestations révolutionnaires. Tous les actes de votre vie sont horriblement anarchiques, conservateurs de l’espèce, destructeurs de votre individu, et par conséquent révolutionnaires. Les projets que vous formez, les espérances que vous concevez sont révolutionnaires aussi. Vos aspirations vers l’avenir sont des conspirations contre l’ordre et les pouvoirs établis.

Tout ce qui n’est pas le présent, vous l’appelez Désordre. L’ordre vous semble incompatible avec tout ce qui doit arriver dans l’avenir. Jusqu’ici vous vous êtes efforcé de confondre la notion d’ordre avec celle d’Immobilité, tandis qu’il faut l’identifier avec celle de Révolution. Car l’Ordre qui satisfait une société, à une époque, devient le Désordre à une autre époque, alors que cette société s’est modifiée dans sa population et dans ses tendances.