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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/231

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Et qu’est-ce donc en définitive que l’Ordre ? C’est le maintien de la vie et de ses fonctions : voilà tout. En vérité, pourvu que l’homme vive et qu’il vive heureux, peu lui importent les divisions, définitions et considérations qu’établissent les philosophes sur les principes de la vie. Nous n’avons pas à craindre que l’humanité manque jamais d’ordre ; cela supposerait qu’elle peut se suicider. Parce que les peuples subissent des révolutions, voit-on qu’ils disparaissent ? Moi, je prétends qu’ils existent bien davantage, pourvu que ces révolutions ne soient pas seulement des agitations superficielles.

Dans notre monde infime, les révolutions reviendront régulièrement comme parmi les sphères immenses répandues au milieu des espaces éthérés. Sur les cimes de nos montagnes, elles brilleront au matin comme le grand ouvrier couvert d’or, le Soleil, qui se lève pour son travail accoutumé ! Et nous, plus consolés, nous les appellerons sur notre existence triste comme les rayons du jour et les pavots du sommeil, comme l’inspiration et la prière, comme les regards des étoiles et les rosées des cieux ! Alors, les fleurs deviendront plus suaves à l’abeille, l’herbe meilleure aux troupeaux, le vin, le froment et les beaux fruits des arbres plus abondants pour l’homme ! Alors la joie ne sera plus débauche ; l’amour, calcul ; et la santé, continuelle convalescence ! Alors, les enfants naîtront sans germes de maladies, et les vieillards, arrivant sur le bord de leurs tombes, béniront l’existence qu’ils quittent et celle qui leur ouvre sa voie resplendissante ! !


VI.   Nous avons peur de tout ce qui est plus grand que nous : et cependant nous sommes forcés de vivre dans tout ce qui est plus grand que nous. N’est-il pas très-préjudiciable aux hommes de croire que la terre leur manquera s’ils viennent à se remuer ? Voit-on que rien perde l’équi-