Aller au contenu

Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



IX.   ..... Cependant, quoi qu’il en coûte à mon orgueil, je reviens sur mon idée cosaque. J’y reviens parce qu’elle doit se développer, grandir et passer par-dessus les barrières que lui opposent la force et la haine, le pouvoir et les partis. J’y reviens parce qu’il faut qu’elle soit entendue dans le désordre des camps, et discutée par des hommes ivres de vin, ivres de sang. J’y reviens parce qu’elle se répandra sur le monde et qu’elle le fera trembler comme je tremble moi-même.

Cette idée est le tocsin de l’éternelle révolution qui vient à nous sur les ailes des fléaux redoutés. Maintenant ou jamais il faut la hurler par-dessus les pics de glace et les clochers bavards, afin que les avalanches et les battants de bronze la répètent d’échos en échos. Je crois les crises utiles dans le corps social comme dans le corps humain ; j’espère que la fièvre qui est en moi secouera l’humanité de sa torpeur. Il n’y a guère que six ans, j’étais un pauvre petit bourgeois, bien timide, qu’on élevait pour tuer le monde. Pourquoi donc aurais-je été tiré de cette sphère obscure si mes yeux n’étaient pas assez forts pour supporter les grandes lumières, si ma main n’était pas assez ferme pour arracher les masques et les fouler aux pieds ?

« Écrivez mes paroles sur les poteaux de vos maisons et sur vos portes. » Car je vous annoncerai ce que l’avenir vous réserve. Et je m’assure que ma souffrance n’est pas inutile ; — les générations prochaines la comprendront. — Je m’assure qu’il n’est pas de scandale superflu ; — la réprobation semée sur ma voie par les hommes d’intérêt et de tradition m’est un gage certain des réhabilitations de l’avenir. — Je m’assure qu’il n’est pas au pouvoir d’une poignée d’envieux d’étouffer une pensée conçue pour tous ; — ce que les peuples civilisés et les hommes esclaves condamnent aujourd’hui, l’humanité nouvelle et l’individu libre l’approuveront plus tard. — Les empereurs