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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/251

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bide détruit un filet nerveux, une veinule ou une artériole à l’intérieur de la caverne, le principe vital en crée d’autres tout autour d’elle ; à mesure qu’entre les vaisseaux et les nerfs atteints s’entassent des tissus putréfiés, des tissus neufs se forment entre les nerfs et les vaisseaux de formation nouvelle. À mesure enfin que le vieux poumon se détruit, le neuf s’efforce de se substituer à lui.

Voici maintenant une bouillie cadavérique exhumée. Je n’y distingue plus rien qu’une agitation vermineuse, un foyer embrasé de transformation dans lequel mille créatures éphémères travaillent à élever un monde. Dans ce détritus informe la Vie réside en souveraine. Mais voyez tout autour la sombre Mort rassembler ses agents de destruction : le ver immonde qui vit de la terre nouvelle, l’oiseau qui dévore l’insecte naissant et le bœuf comfortable qui recherche entre toutes les autres les herbes qui sortent du sol. La terre, l’abrégé du monde, c’est l’insatiable Cybèle qui n’enfante que pour dévorer. Les anciens savaient mieux cela que nous. Heureux les anciens s’ils avaient institué de royales académies pour reconnaître toute la droiture de leur esprit !

Dans ces deux exemples de transformation aussi intégrales que nous puissions les imaginer, nous voyons que la Vie et la Mort luttent d’aussi près que possible, haletantes, essoufflées, embrasées l’une par l’autre comme un lutteur par un autre lutteur. Cela nous prouve que l’essence de la vie est la même sur terre et sous terre, que ces deux modes d’être de l’homme sont reproduits l’un par l’autre trait pour trait, relief pour vide. Ne nous effrayons donc plus des mots, et la Mort n’étant en définitive qu’une autre forme d’existence, ne la redoutons pas, surtout lorsque nous souffrons tout ce qu’on peut souffrir.


X.   J’applique ces notions à l’Europe actuelle. L’Occi-