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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/265

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Hélas ! hélas ! ! défenseurs du dogme du Progrès absolu, qu’a donc fait l’Humanité depuis six mille ans qu’elle va philosophant et roulant sa triste existence à travers les mondes ? Rien que de reculer pour mieux sauter, rien que de changer de flanc, rien que de tourner la difficulté. Et ces riens-là sont tout. Car on changeant de flanc, on entretient son sommeil ; en reculant, on garde son équilibre ; et à force de tourner autour des difficultés, on finit par passer devant. Condorcet nous a fait un mal incalculable avec son ridicule terme de Progrès. Il n’y a rien au fond de cette notion-là, je le répète encore, rien que ceci : maintien d’équilibre[1].


XXV.   C’est toujours une horrible nécessité que la guerre. Mais nous n’en sommes plus à ces époques d’ignorance où les hommes, divisés par des dominations rivales et permanentes, passaient leur vie en batailles qui ne profitaient qu’à leurs maîtres. La Civilisation nous fournit les moyens de rendre les guerres moins cruelles et moins longues par la stratégie moderne, l’artillerie, les voies

  1. « Quel est le but des transformations qui constituent la vie ?
    « Reculons-nous ? Avançons-nous ? Ou ne bougeons-nous pas ?
    « Nous ne reculons pas, pouvons-nous affirmer, si nous nous observons pendant une période d’accroissement.
    « Nous n’avançons pas, si nous nous considérons pendant celle de décroissance.
    « Nous ne restons pas immobiles ; nous varions chaque jour, et dans le fonds et dans la forme : l’immobilité serait la mort.
    « Que faisons-nous donc ?
    « Nous nous conservons. N’est-ce pas assez ? Ne faut-il pas du travail, des efforts et des douleurs pour équilibrer de nouveaux besoins par de nouvelles forces, pour résoudre cette équation sans laquelle la vie ne serait pas ?
    « La société est comme nous : elle ne rétrograde pas, elle ne progresse pas. Elle ne reste pas immobile non plus.
    « Elle se conserve ; et pour se conserver, elle s’agite et se révolutionne utilement. »
    Ernest CœurderoyDe la révolution dans l’homme et dans la société.