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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/266

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ferrées et la navigation à vapeur ; souvent même elle nous permet de l’éviter par des négociations diplomatiques. Il ne nous faut plus dix ans pour faire le siège des villes, et nous ne sommes plus les hommes d’armes de hauts-seigneurs, artisans de rapines, comme l’étaient les serfs du moyen-âge. La guerre terrestre, qui n’était que boucherie, s’est faite art. Les batailles navales sont réduites à des luttes d’abordage ; des équipages entiers ne périssent plus, submergés par l’Océan. Les hommes ne s’étranglent plus corps à corps, ne s’arrachent plus cheveux et ongles, ne se mordent plus à pleines chairs, comme des bêtes féroces ; il y a plus d’adresse et moins de brutale rage à s’atteindre avec une balle qu’à se mutiler à coups de hache. Maintenant on se choque par grandes masses, on cherche à mettre de son côté les avantages du terrain, la rapidité des marches et les fautes de l’ennemi. Une action se décide en quelques heures ; le nombre et l’habileté des dispositions prises font le succès. Il se répand plus d’encre que de sang.


XXVI.   Il a fallu plus de trois siècles à l’invasion barbare pour faire rentrer dans leur lit ses flots débordés, pour marier la science latine à la vigueur germaine, pour arriver enfin de l’empire de Byzance, qui résumait tous les éléments d’une décadence, à celui de Charlemagne, qui renfermait tous les germes d’une création.

Croit-on que l’ordre qui suivra l’invasion prochaine demandera d’aussi longs combats pour être établi ? Croit-on que l’Humanité du XIXe siècle souffrira longtemps de toutes les dominations successives qui descendront du Nord ? Il n’en sera pas de l’Occident civilisé comme de l’Empire Romain ; sa chute sera bien plus prompte ; la résistance qu’il opposera à l’Invasion ne sera pas proportionnellement plus longue que ses révolutions : une pre-