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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/28

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qu’avec la permission de leur maître et sur un passeport signé de sa main.

Les proscrits sont les hommes libres de l’Europe enchaînée, les seuls ; ils sont le ciment des peuples, la moelle de leurs os, la chaleur de leur sang. Qu’ils ne trahissent donc pas leur mission ; qu’ils étudient sans préjugés, sans relâche et sans haine le rôle de chaque race dans la révolution prochaine ; ils sont placés mieux que personne pour juger impartialement des hommes et des choses. Qu’ils ne se résignent plus à végéter dans des pays nouveaux pour eux, sans en vivre la vie, sans en apprendre la langue, sans intérêts, sans joies et sans espoir, froids au milieu d’un monde qui les bat des chaudes vagues de son sang. Qu’ils ne se glorifient plus de préférer les égouts du faubourg Marceau aux eaux d’azur du Léman. Qu’ils ne se refusent plus à se découvrir devant les grande images de Shakespeare et de Nelson. Qu’ils soient de tout lieu, de tout âge, de toute société ; qu’ils aiment partout ce qui est beau, ce qui est grand ; qu’ils dédaignent partout les mesquines combinaisons de l’intrigue et la voix criarde du chauvinisme. Qu’ils s’élèvent au-dessus de cette vallée de larmes hypocrites, de vins frelatés, d’amours à tant la passe. Qu’ils rapprochent, sur leur âme, les grandes traditions de l’humanité de ses grandes tendances : qu’ils s’élancent, infatigables, d’un passé plein de regrets vers un avenir étincelant d’espérances. Ainsi la Proscription grandira, s’universalisera, s’affirmera forte, utile, respectée. C’est alors qu’elle sera vue dans les cieux comme une croix saignante, et que chaque goutte de son sang qui tombera sur la terre deviendra semence de guerriers et de révélateurs. — Proscrits ! osons être Hommes, hommes de toute nation. Et les rois et leurs sujets ne blasphémeront plus l’Émigration ! !


XI.   Je reviens sur mon idée cosaque parce que, de-