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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/292

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hommes forts avec les filles délicates et font revivre dans des corps robustes les idées abandonnées. Vieilles âmes et vieilles doctrines redeviennent jeunes par cet accouplement ; les races croisées retirent de chacun des peuples qui les ont produites ses facultés prédominantes. Ce qui demeurait stérile au milieu d’une nation caduque devient fécond par le mélange des nations. Chacun adopte une partie de la tradition, la développe, la modifie, l’interprète, la fait valoir suivant son génie. En mille manières une révélation se généralise ainsi, et de la généralisation à l’application, il n’y a plus qu’un pas, que le premier événement favorable fait franchir aux sociétés. Ainsi, les systèmes disparaissent, les sectes se divisent, et des individus libres, conscients de leurs droits, se substituent à des partis esclaves, paralysés, enchaînés par les étroits anneaux du devoir et de la discipline. Ainsi, tout ce qui dépérissait renaît, tout ce qui mourait revit, tout ce qui gisait à la surface des générations passées et ne les pénétrait pas trouve dans les générations nouvelles un terrain de sépulture, suivant le vulgaire, de rénovation selon moi.

Mais, diront les apologistes exclusifs de la force, les simplistes de l’école de Grotius et de M. Romieu, il ne reste rien au milieu des ruines qu’une tradition philosophique avec laquelle on ne reconstruit pas ; une civilisation épuisée, c’est un esprit sans corps, un feu follet qui répand de vaines terreurs et détourne les hommes de la réalisation de leurs projets. — Je répète que la matière et la pensée sont de même essence vitale ; qu’elles concourent également à l’entretien de la vie et se complètent l’une par l’autre. Si les ruineuses richesses de l’industrie gisent, sans faire le bonheur de personne, sur le sol de l’Europe occidentale, c’est que la force et l’équité nous manquent pour les distribuer utilement à tous. Et si les forces