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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/293

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prodigieuses de l’Europe occidentale sont tournées, pour quelque temps encore, contre la liberté de tous, c’est que les Slaves manquent de notions fixes sur la justice et la liberté vers lesquelles ils tendent. La tradition, l’utopie, la pensée doivent avoir leur part d’influence dans les révolutions humaines. Une civilisation n’eût-elle à transmettre que cela parmi celles qui lui succèdent, qu’il y aurait encore assez de trésors à recueillir sans ses décombres. La Force ne peut être complétée que par l’Idée.


V.   Il n’est pas possible de rencontrer quelque part des éléments sociaux plus agités que ceux de deux civilisations qui se choquent avant de se pénétrer.

Pourquoi ces torrents d’hommes débordées ? D’où sont parties, où s’arrêteront ces hordes envahissantes ? Quelle redoutable tâche viennent-elles accomplir au milieu de l’humanité saisie d’effroi ? Sur leur passage les nations se dispersent. Pourquoi l’ange des grandes exterminations, le terrible Azraël, frappe-t-il ainsi les hommes avec des hommes ? Pourquoi les aveugle-t-il, les surexcite-t-il au point de leur faire convoiter une des mille morts que prodigue l’épée buveuse de sang ? — Pour que, sur la terre saisie de tremblements, les hommes soient confondus comme les grains de froment dans l’aire du moissonneur : Transformation.

D’où viennent ces fléaux exécrés qui marchent à l’avant-garde des bataillons et répondent, chaque matin, au rappel tonnant des tambours ? Qui les vit, même en rêve, parmi les nuages sombres, les vagues écumantes et les glaciers voisins des cieux ? Et pourquoi ne pouvons-nous déployer contre eux qu’un courage passif, une bravoure de médecin ? — Pour que, sur la terre angoissée, ceux qui meurent et ceux qui survivent mêlent leurs gémissements ; pour que, décimés