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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/329

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Foudre et qui vois flamboyer le Glaive à travers les nuages de plomb.

Rien ne lassera ma persévérance ; je ferai tout ce que j’ai résolu de faire.

La France ne me tuera point par le ridicule, et je tuerai la France par mes prédictions.

Je suis celui qui voit le Soleil rougissant s’approcher de la Terre tremblante, et la consumer ; celui qui voit la mer déborder ses rivages et ne rentrer dans son lit qu’après avoir balayé les villes, les forêts et les récoltes.

Je suis celui qui entend gronder le tonnerre comme mille tonnerres, et siffler les grains de grêle comme des éclats d’obus.

Celui qui voit, par les champs, les sacs d’or, les colonnes brisées des palais et des temples, et les hommes fulgurés.

Je suis celui qui se réjouit de ce déluge, et d’être né à temps pour voir la terre abreuvée du sang des civilisés, et leurs os fichés au coin de leurs propriétés pour remplacer les bornes.

Il faut que je répète aux hommes le cri de la Révolution, — ce cri qui s’acharne sur moi et ne me laisse aucun repos ; ce cri qui m’ôte le manger et le boire, qui se couche et se lève avec moi ! Je ne serai tranquille qu’après l’avoir traduit, s’il m’est possible, dans une langue humaine.

Les autres jeunes gens boivent et font l’amour ; ils chantent et se préoccupent de leurs affaires ; ils vivent tranquilles au sein de leurs familles : ils font bien ; qu’ils soient heureux. — Moi, je suis celui dont les paroles seront répétées et dont la vision s’accomplira. — Il faut que je répète ce que la Révolution me crie.