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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/337

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et la mousse amers, et la menthe poivrée qui croît au bord des étangs.

Et ces coursiers ne cessaient de hennir ; ils frappaient la terre de leurs sabots ; le soufre et le sang sortaient de leurs naseaux : ils portaient leurs têtes aux vents du Midi.

Et je vis, dans une plaine immense, sur les bords du golfe de Finlande, une grande multitude d’hommes.

Leurs statures étaient colossales ; leurs têtes, osseuses ; leurs yeux, verts et gris ; leurs peaux luisantes et leurs barbes incultes, comme des tiges de chiendent brûlé.

Et ils arrivaient dans cette plaine de tous les pays qu’habite la grande race des Slaves, comme des cours d’eau qui se rendent à la mer.

Il en venait du Midi et du Nord, du Couchant et de l’Aurore. Il en venait d’Asie ; il en venait d’Europe. Les uns avaient quitté les fertiles plaines de la Pologne, la Syrmie riante ; et les autres, les déserts de la Tartarie. Ceux-ci étaient descendus des sommets orgueilleux de l’Olympe et du Rhodope ; ceux-là, des flancs du Caucase et de l’Himalaya riches en métaux.

D’autres avaient grandi, buvant chaque matin la neige des Krapacks brûlée par le soleil levant.

Ils accouraient de la Bohème, de la Hongrie, de la Valachie, du littoral de l’Hellespont et des beaux rivages du Danube. Ils étaient descendus des bords glacés de la Baltique, de la Sibérie désolée, du Groënland et de la Laponie qu’on ne connaît pas.

L’on remarquait parmi eux le Kamschatdale stupide ; le Samoyède, à la chair olivâtre ; le Mongol et le Tartare, à la face écrasée ; le Géorgien au beau profil, le Hongrois à la taille déliée, le Polonais plein de bravoure, le maigre Cosaque, l’Albanais riche, l’Arménien bronzé et le Russe flegmatique.