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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/338

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Non ! pas même aux jours d’Attila ou de Gengis, on ne vit la terre couverte par tant de vagues humaines !…

Ceux-ci portaient des peaux de bêtes à peine suffisantes pour les garantir du froid ; ceux-là étaient couverts des costumes les plus somptueux de la Civilisation et affectaient, dans leurs manières, l’élégance des grandes villes.

Tous parlaient des langues diverses, les idiomes les plus sauvages et les dialectes les plus recherchés. Ils ne s’entendaient que lorsqu’ils criaient : Guerre ! Constantinople ! Paris !

Après eux ils avaient entraîné femmes, enfants, prêtres, animaux, tentes : tout ce qui est nécessaire aux migrations lointaines.

Et toute cette foule campait au milieu de la plaine immense. Le bruit des voix n’était interrompu que par le roulement des tambours, les fanfares belliqueuses et les salves d’artillerie.

Les hommes se gorgeaient de viandes salées, d’écorces de pins et de chênes ; de genièvre, d’orge et d’avoine fermentés.

Et l’ivresse les rendait fous. Et ils sautaient sur le dos des coursiers, les faisant bondir par les steppes comme des chevreuils blessés à la tête.

Les femmes et les enfants, couverts d’étoffes voyantes, criaient : « Courons aux pays du soleil que nous ont promis nos devins ! »

Les prêtres arrachaient les croix de la terre et les aiguisaient sur les pierres des tombeaux.

Et les vieillards tombaient à genoux aux pieds des chefs, les suppliant de ne pas les laisser au milieu des déserts, et promettant de supporter les fatigues de la route.

Je vis encore des arsenaux pleins de poudre, des fusils, des glaives, des lances et des boulets de canon :