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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/380

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vides ; l’impôt n’est plus payé ; des provinces entières se détachent de Paris. — Le pouvoir reste isolé, déprécié, sans ressources, aux abois ; anarchistes et monarchistes l’attaquent ; il se maintient cependant, grâce à l’indifférence générale.

Les partis sont déchaînés, intraitables, furieux. On voit, spectacle dérisoire ! des nationalités, des gouvernements et des oppositions se constituer et se disloquer le même jour ; chaque heure apporte et remporte ses grands hommes. — Les vols, banqueroutes, trahisons, révoltes et assassinats se succèdent sans interruption. Toutes les cupidités, toutes les peurs, toutes les ambitions, toutes les soifs, toutes les bandes noires que les malheurs publics rendent féroces claquent des dents, maudissent, mordent, jurent et vendent. — Le Tzar a beaucoup d’or. Et la main du Crime s’appesantit sur Bonaparte le Méprisé !.....

Nicolas sait tout cela. Longtemps il harcèlera la France, longtemps il y suscitera des émeutes et des crises commerciales ; longtemps il poussera contr’elle les peuples envieux, l’épuisant en détail, évitant les batailles rangées, selon la tactique de sa race. Car l’empire russe est constitué pour la guerre, tous ses habitants sont des soldats, toutes ses ressources sont disponibles, il peut se battre toujours sans jamais s’affaiblir. Il a le temps de vaincre.

Enfin, quand le Tzar verra sa domination affermie dans l’Orient, et la France dévorée par l’anarchie, il s’élancera d’un bond à la conquête de l’Occident. — Le bon glaive fait tout le contraire de la mauvaise langue : il tranche et ne crie pas !