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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/392

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la Péninsule seront réunies sur la tête d’un Bourbon ou d’un Bragance légitime.

Seule, parmi les nations civilisées, l’Espagne ne prendra point de part à la guerre européenne et ne sera point épuisée. L’Espagne a une très-grande mission à remplir dans le monde : elle doit prendre en Europe l’initiative de la Révolution morale, et mettre la première en pratique et les fêtes universelles, et la liberté dans les rapports d’amour. C’est sur les bords heureux du Tage, à Lisbonne, que les nations régénérées se réuniront dans un premier congrès ; elles y viendront de tous les points du monde, sur des navires joyeusement pavoisés. La Péninsule recueillera, développera la tradition des races franco-latines ; il importe pour cela qu’elle ne soit pas engagée dans la guerre générale. — La Guerre est mortelle au Bonheur.

Cette mission fortunée, il est facile de s’en rendre compte quand on connaît les mœurs des Espagnols, leur bravoure et leur énergie, leur esprit chevaleresque, leurs tendances au bonheur, leurs sympathies bruyantes, leur extrême facilité à contracter des relations superficielles, leur besoin d’expansion et de luxe, la grâce et la coquetterie de leurs femmes, l’activité frénétique, le sérieux enthousiasme qu’apporte ce peuple dans les fêtes et les plaisirs, sa prodigue ostentation. On ne saurait douter de la nécessité d’une révolution morale en Espagne lorsqu’on a bien compris ce mélange de bienveillance universelle, d’orgueilleuse fierté, de point d’honneur dominant et de vanité naïve que l’immortel Cervantès nous a décrit de sa main de maître. Le peuple espagnol est beaucoup plus jeune que ses voisins ; il n’a pas encore poussé la Civilisation à ces conséquences extrêmes qui causent la mort ; le mélange du sang maure et du sang visigoth a peuplé l’Espagne de la plus belle, de la plus ardente race du