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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/44

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de poudre. Les cataclysmes sont plus forts que nous ; ne nous mettons pas en travers d’eux au milieu des multitudes qui grondent, les plus hardis sont les plus sages. Passons le jour, c’est beaucoup déjà ; notre lendemain est loin, bien loin, dans les brumes du Nord.

Moi qui ne puis trouver sur la terre un asile assuré ; moi qui ne recueille plus que des haines ; moi qui vis dans la révolution, qui la souffre, qui la pressens ; moi qui a prédit depuis longtemps ce qui se passe aujourd’hui, je répète aux hommes : « Ne comptez pas sur des jours d’abondance ; ils ne sont pas pour nous. Nous sommes précipités sur la pente d’abîmes sans fond et sans ciel, où nous roulerons tous, hommes et femmes, vierges et débauchés, les uns sur les autres, sans pensée, sans pudeur. La suprême prudence aujourd’hui, c’est la suprême indifférence ; la suprême habileté, le suprême courage, c’est de s’abandonner à la frénésie des tourbillons. Qu’on prenne bravement son parti du déménagement universel !

Pourquoi donc ne voulons-nous voir de sécurité que parmi la foule imbécile qui se meurtrit les coudes et s’aplatit la cervelle à force de se presser ? Un immense déluge d’hommes va se répandre sur nous... Que les femmes ouvrent leurs jambes pour les recevoir de bonne volonté, si elles ne veulent pas les desserrer de force. Et roule, ô Révolution !


XIX.   Dans ces jours de réveil les aigles et les coqs pousseront des cris aigus : toutes les patries seront en danger, tous les foyers éteints, tous les hommes proscrits.... Et cela jusqu’à ce que les frontières des nations, les limites des propriétés et les cœurs des mortels ne soient plus un opprobre à la terre qui les porte. — Alors les vagabonds et les morts civils d’aujourd’hui revivront réellement parce qu’ils se seront habitués, dès longtemps, à rester en dehors