Aller au contenu

Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de toute circonscription de patrie ou de gouvernement. — Alors, proscrits de toutes les révolutions, parmi les milliers de fugitifs qui chercheront un gîte, nous compterons enfin. Résurrection qui surprendra grandement les bourgeois aux pieds plats ! — Alors notre monde boursouflé d’orgueil crèvera et sera totalement retourné ; il sera plus vieux d’années et plus neuf de façon ; il sera régénéré par la Révolution, l’ouvrière économe qui fait des drapeaux brillants avec des chiffons dédaignés ; il sera plus joyeux qu’il n’est aujourd’hui, notre beau globe verdoyant, dont l’épicier s’est sacré roi !

Rien ne conjurera ce cataclysme ; rien ne démentira mes prédictions. L’Occident se tord sous la blessure de cette plume, de cette plume de fer : hœret lateri lethalis arundo ! — Dieu n’est déjà plus qu’un mot. Et cependant la vapeur et l’électricité n’ont pas encore rempli leur premier jour de création ! Oh ! que la Révolution est grande quand on la voit ainsi, s’élevant de toute sa taille dans l’immense avenir ! ! !

Lumière des glaives, feu des canons, écume des chevaux hennissants, tambours voilés de crêpes, drapeaux teints de sang, je vous salue ! Et vous aussi, anarchie pleine de grâce, juive de trente ans aux cheveux d’or, divinité lascive, je vous salue ! !

L’Ordre civilisé est mort : vive l’Ordre, l’ordre socialiste ! !


XX.   Je végète dans ce siècle, le siècle de toutes les monstruosités ; — le siècle qui fait mourir les jeunes gens par continence et les vieillards par luxure ; — le siècle où s’évanouissent, sur les sofas, les vieilles douairières, tandis que les pauvres filles passent les nuits sur un travail qui ne leur donne pas le pain des jours ; — le siècle où les octogénaires enterrent les enfants ; — le siècle de décadence