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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/51

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Vous, fléaux nos alliés, peste à la peau sordide, choléra décharné, paraissez ! Et vous, concupiscences monstrueuses, crimes inouïs, famines sombres. meurtres d’hommes et meurtres de peuples, cherchez des cadavres par les rues ! Lugubres incendies, atroces naufrages, tremblements de terre, éléments en fureur, donnez-vous carrière partout ! L’espèce humaine doit recevoir à nouveau le baptême du sang. — Hurrah !

Dans le fracas des armes je jetterai ces lignes. Comme elles me sont venues, on les lira. Elles devanceront de peu de temps les événements qu’elles prédisent. On les nommera les éclairs du grand Orage. Ce qui va s’accomplir est écrit. — Hurrah !


XXIII.   C’est moi qui écrivis autrefois ces paroles grosses de terreur : « Que les Cosaques viennent ; qu’ils viennent et qu’ils soient bénis ! ne sont-ils pas nos frères ? » — On appelle cela un Crime ; c’était une Prophétie.

Depuis, les Cosaques ont paru, les beaux Slaves à tous crins. Sur les bords de l’Hellespont, les peuples ont entendu le hennissement de leurs cavales maigres ; les trônes d’Occident ont penché, et l’Europe bourgeoise a senti trembler ses comptoirs. — Je le savais.

Avant six mois ceux qui m’appelaient fou me proclameront sage. — Je n’en serai ni plus grand ni plus petit.


XXIV.   Assez rêver, prophète ! Debout ! debout ! Déjà l’acier des armes fait resplendir l’Orient ; déjà le soleil est haut dans sa course bénie ; déjà les sillons sont comblés par les morts ; qui donc se lèvera matin si tu restes endormi aux bras de la Paresse ?

Assez rêver ! Ôte tes gants de ta main et écris. Ne prends soin ni de ta toilette ni de tes cheveux ; laisse danser le monde frivole à l’harmonie de ta voix !