Aller au contenu

Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

continent à l’autre, c’est un signe certain de décadence du continent qui les fournit. Il en est des nations comme des hommes et des arbres ; elles commencent à décliner dès qu’elles se reproduisent, envoyant des rejets dans toutes les directions. Tous ceux qui devaient échapper au prochain cataclysme européen se sont sauvés vers de nouveaux mondes. De là, ils pourront voir les flammes de l’incendie qui nous dévore ; là ils concourront activement à de nouvelles combinaisons ethnographiques, tandis que nous assisterons, passifs, à celles qui bouleverseront l’Europe. Ils se sont réfugiés dans l’arche ; nous subirons le déluge.

En ce qui regarde l’Europe occidentale, l’organisme civilisé y domine incontestablement. Il a pour lui la majorité des intérêts, le sceau du temps, les gouvernements, les armées, et à défaut de la justice, l’habitude, le préjugé, l’opinion. Il se défendra jusqu’à la mort avec l’implacabilité du désespoir. C’est un rêve que d’espérer le vaincre par la persuasion, l’enthousiasme et l’appel à la justice. Qu’on en prenne son parti : Contre la Force civilisée il faut une Force supérieure !!


II.   Je cherche quelque part cette force supérieure, instrument de révolution palingénésique, dont la nécessité m’est démontrée. Je cherche une force, dis-je, car l’idée ne fait que sa tâche. Et si l’idée propose, la force dispose ; — que cette force s’appelle Dieu, Tzar, nation envahissante ou multitude insurgée.

Il est vrai, sûr, incontestable, comme parole d’Évangile, que le monde officiel civilisé n’a ni le courage, ni la force, ni le temps, ni la volonté nécessaires pour se détruire lui-même. Le suicide n’est ni dans les désirs, ni dans les facultés des vieillards ; l’idée d’une transformation, la vue de la jeunesse les effraient.