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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/83

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1o Ma solution par la Russie est essentiellement une solution de Fait, de Moment, de Force, de Fatalité, de Mal, de Destruction, de Dieu. Je ne lui prête aucune valeur au point de vue de la réorganisation sociale. Je n’évoque ni intervention étrangère, ni émeute stérile ; le Mal, aux pieds rapides, s’éveille de bon matin et n’a pas besoin qu’on l’appelle au travail. Je constate seulement qu’il va déployer sur nous ses ailes de crêpe. Je maintiens seulement — et jamais personne ne pourra démontrer le contraire — que, dans une question de force brutale, de destruction, d’acte révolutionnaire intégral, la Russie est supérieure à la France, l’Orient à l’Occident, l’Inconnu à la Civilisation. Et cela sous tous rapports : comme rapidité d’action, unité, persistance, secret, concentration de forces et de ressources, absence de tergiversation, instruments inflexibles, foi aveugle, conscience d’une grande mission, etc., etc. — Je n’en finirais pas si je voulais énumérer tous les avantages de la Russie sur l’Occident sous le rapport matériel de la conquête. Ces raisons, d’ailleurs, se présenteront d’elles-mêmes sous ma plume dans la suite de ce travail.

2o Il ne faut considérer ce premier chapitre que comme une table des matières écrite à mesure que s’éveillaient mes pensées. Pour un sujet immense et complexe comme celui que je traite, la plus grande difficulté était de trouver un cadre. Cette question slave embrasse tant de choses ! elle touche à tant d’intérêts, effleure tant de pensées, côtoie tant de connaissances humaines, pose tant de problèmes, soulève tant de doutes et de terreurs ! Je ne saurais dire en combien de manières j’ai torturé mon esprit pour le forcer à adopter un plan à peu près convenable, ou, tout au moins, moins mauvais que ceux que je rejetai tour à tour. Ne pouvant y parvenir, j’ai fini par me décider pour le premier que me fournirait le hasard.