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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/91

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VII.   Il n’en coûte donc rien à mon esprit de reconnaître l’existence de la Fatalité, et je ne me crois, pour cela, ni plus faible ni plus fort, ni plus religieux ni plus impie que ceux qui croient en Dieu.

Mais ce qui me rend puissant contre la Fatalité, c’est qu’il y a succession en elle et qu’elle n’est pas immuable. Et Dieu, dépouillé de son caractère immuable, n’est plus à craindre : il devient modifiable par nous, avec le temps, suivant nos besoins.

Je prétends que Dieu se transforme et se divise à chaque instant, et qu’il est susceptible de revêtir autant de formes différentes qu’il y a de combinaisons possibles entre tous les objets qui ne sont pas nous. Et parmi ces combinaisons, celles qui sont momentanément opposées à nos desseins sont le Dieu que nous avons à vaincre ou à révolutionner. Les autres ne nous importent pas. Comme la lutte contre Dieu se trouve simplifiée par cette donnée seule de sa transformation constante !

Au Dieu catholique, immobile, j’oppose donc le Dieu transformable à l’infini que conçoit ma pensée, et que chacun ne peut concevoir que par lui-même, selon les obstacles qu’il rencontre sur son chemin. Réduit à ces proportions, dieu, loin d’être un obstacle à la révolution, devient au contraire le plus efficace des excitants et des instruments révolutionnaires.

En vertu de la Solidarité Universelle dans les choses, tous les objets de la nature ne vivent que par action et réaction réciproques. Telle combinaison d’objets qui domine aujourd’hui toutes les autres, sera dominée par toutes les autres, dans un autre temps. Ces rapports réciproques de superposition et de sous-mission, de Divinité ou d’Esclavage de tous les objets, les uns par rapport aux autres, est la conséquence des continues transformations qu’ils subissent. Croire au mouvement, c’est nier l’autorité de