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Page:Ernest Roze - Charles de l'Escluse, 1899.djvu/14

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BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE

comparée à celle de Paris) et les agréments de cette ville, dans une région où l’air est sain (car elle est située sur la Loire), nous invitaient à nous y rendre. Nous avons donc résolu de demeurer ici, jusqu’à ce que, par des amis, nous ayons appris que la maladie contagieuse avait cessé de régner dans Paris (ce que nous pensions devoir coïncider avec la fin de ce mois) et qu’il nous était alors permis d’y retourner en toute sécurité.

Nous y avons laissé ton Godefroy avec Hubert, envers lequel je regrette de n’avoir pu m’acquitter de mes devoirs, tant pour toi qu’en raison de nos communes études, et cela par suite de notre départ subit. Aussi, dès notre retour, s’il demeure plus longtemps à Paris, n’omettrai-je rien de ce que je penserai pouvoir faire pour la continuation de ses études. Thomas et Abraham Rediger jouissent jusqu’à présent d’une bonne santé et s’habituent très bien à notre nouvelle manière de vivre.

À Poissy, qui est un bourg distant de Paris d’environ six heures, avait été convoqué, avant notre départ, un Synode d’Évêques, pour s’entendre sur les controverses de la religion, qui ont soulevé ça et là en France des passions ardentes. Théodore de Bèze, homme très docte, y est venu aussi, envoyé (si je ne me trompe) par le Roi de Navarre. On attend également Petrus, confesseur florentin, qui professe la théologie à Zurich, appelé, dit-on, par la Reine-mère. Dieu fasse qu’ils puissent ainsi émouvoir les esprits des Princes, de telle sorte qu’après la fin de toutes ces controverses, qui sont leur œuvre, la prédication de l’Évangile du Christ puisse devenir libre dans tout ce royaume : ce qui se ferait facilement, si les Princes dirigeaient leur esprit vers ce but. Car le nombre des gens pieux en France est si grand, comme cette ville même peut en offrir la preuve, que je ne parlerai pas de plusieurs autres qui l’emporteraient de beaucoup à ce point de vue. Ainsi quatre fois par semaine, se réunissent ici auprès des remparts les sectateurs de la pure doctrine au nombre de dix mille hommes, quelquefois plus, pour écouter les prêches ; puis, dans le même endroit, l’explication du catéchisme est donnée aux enfants, chaque Dimanche, à partir de midi. C’est pourquoi, lorsqu’il en est ainsi