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Page:Ernest Roze - Charles de l'Escluse, 1899.djvu/15

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DE CHARLES DE l’ESCLUSE

si les Papistes ne veulent rien concéder, mais entendent tout conserver opiniâtrement, il en résultera ou bien une misérable situation pour les Églises, ou bien, ce qui paraît plus vraisemblable, une guerre intestine. Mais cela ne pourra arriver, sans qu’il y ait à craindre l’ébranlement, je ne dirai pas la ruine, de tout le royaume de France. Car les uns et les autres comptent parmi eux de puissants fauteurs de troubles et d’ardents prosélytes. Mais Dieu, qui tient tout dans sa main, aura pitié de son peuple et convertira facilement toutes choses pour la gloire de son nom, là où il le voudra : nous devons donc, pour qu’il le fasse, l’en solliciter par des prières assidues.

La Reine de Navarre[1] a traversé cette ville le 25 Août pour aller rejoindre son mari à la Cour. Or il advint que, ce même jour, il y avait une réunion des gens pieux, et elle y fit honneur par sa présence : la même chose eut lieu le lendemain, mais à midi elle partit.

Je ne doute pas que tu ne reçoives d’Hubert plus de renseignements sur les affaires publiques : il est, en effet, plus près de la Cour et il a accès auprès des Princes eux-mêmes ; il lui est donc facile d’apprendre ce qu’il peut y avoir de nouveau. Quant à nous, nous en sommes loin et nous ne fréquentons que le peuple : cependant, d’après ce que nous voyons nous-mêmes ou ce qui nous est rapporté de certain, je n’ai pas voulu t’écrire sans te communiquer ce qu’il en était, aimant mieux faire erreur en te l’écrivant, ce que tu as pu du reste apprendre par d’autres, que d’être accusé de négligence dans mes lettres.

Porte-toi bien, homme illustre, et continue de compter ton Clusius au nombre de tes amis.

Orléans-sur-Loire, 7 des Ides de Septembre de 1561.

Tout à toi, autant qu’il peut l’être, Carolus Clusius A. —— Thomas et Abraham t’envoient beaucoup de salutations.


  1. Jeanne d’Albret, mère de Henri IV.