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Page:Espaces libres et Fortifications - Albert THOMAS.pdf/19

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ce massacre de sa ville ; elle se laisse ravir les dernières parcelles de verdure qui lui restaient encore. A peine quelques sociétés d’intellectuels, d’artistes, de philanthropes, quelque Société pour la protection des paysages, ou quoique Ligue anti-alcoolique, ou quelque Musée social font-ils entendre une protestation. Les conseillers, socialistes ou bien intentionnés, qui écoutent ces protestations ou qui comprennent l’intérêt ouvrier, se voient repoussés à coups d’arguments aussi précis qu’électoraux : « Il faut équilibrer le budget ! Nous ne pouvons proposer un emprunt ! Surtout un emprunt de ce genre, pour acquérir, ou pour garder, des terrains improductifs, des terrains dont la Ville n’a pas besoin ! »


Ce que rapportent les espaces libres


Terrains improductifs ! Terrains dont la Ville n’a pas besoin ! A ces formules de MM. Chautard et consorts, opposons seulement la célèbre et typique démonstration d’un journal américain.

« Les terrains de jeux, disait le Boston Herald[1], sauvent les enfants des mauvaises influences et des associations criminelles. La valeur capitalisée d’un jeune homme intelligent, bien bâti et industrieux, pour lui-même et pour la communauté, est au moins en moyenne de 50, 000 francs. Un millier d’enfants ainsi sauvés représente, par conséquent, 50 millions de francs de capacités productives. Si nous considérons en outre les frais, les pertes, la destruction, représentés par chaque individu entraîné au vice et au crime, nous pouvons nous faire une idée des bé-

  1. N° du 19 sept. 1904, cité par M. Forestier, loc. cit., p. 14.