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où Vienne s’imposaient des sacrifices énormes pour donner de l’air, de la santé, à tous leurs habitants, les élus parisiens achevaient de livrer aux spéculateurs, aux entasseurs de moellons, leurs derniers espaces libres.

Nous avons vu, après 1889, une partie du Champ-de-Mars accaparée par les monuments qu’on avait conservés de l’Exposition.

Nous avons vu, en 1894, l’aliénation d’un tiers de l’Esplanade des Invalides, au bénéfice de la Compagnie de l’Ouest.

Nous avons appris que, par suite d’une convention passée entre l’Etat et la Ville, 22 hectares sur les 44 que comptait le Champ-de-Mars, le seul espace libre intérieur comparable à ceux de Londres, allaient être lotissés et bâtis.

Nous avons vu, en 1901, à la suite des taxes de remplacement frappant les propriétés non bâties, la disparition de nombreux jardins privés, d’une partie de la Muette, des Jardins des bétels de Luynes, de Croy et de Sagan, sans que la Ville ait songé en rien à acquérir pour tous ce que la mauvaise volonté de quelques-uns leur faisait abandonner.

Nous avons assisté, en 1902, à la convention pour le lotissement des fortifications.

Nous avons vu les jardins des congrégations enlevés par les marchands de biens et couverts de constructions.

Nous avons vu enfin, il y a quelques mois, l’emplacement du marché du Temple, qu’on venait de démolir, volé à la population ouvrière des vieilles rues qui l’entourent, et couvert de casernes à six étages.

Nous voyons en ce moment les jardins de la Salpêtrière réduits par les bâtiments nouveaux. Sur l’emprunt de 77 millions pour la reconstruction des hôpitaux, on compte retrouver 31 millions par le lotissement des terrains.

Et la population parisienne assiste indifférente à