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Page:Espronceda - L’Étudiant de Salamanque, trad. Foulché-Delbosc, 1893.djvu/30

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un trésor perdu !… j’y vais de suite. C’est pure folie de vous obstiner à vouloir que je vous tue : je le dis comme je le pense.

DON DIEGO.

Vous voici faible et lâche et bavard à l’excès.

DON FÉLIX.

Don Diego, un peu plus de sang-froid : pour se battre il n’est jamais trop tard : si même il s’agissait d’autre chose, je vous pardonnerais votre hâte : le temps de demander une messe pour la défunte, et aussitôt…

DON DIEGO.

Mauvais gentilhomme !

DON FÉLIX.

Don Diego, le cas n’est pas pendable. Votre sœur était belle : je la vis, elle m’aima, la flamme alla croissant, elle est morte, ce n’est pas ma faute ; et j’admire votre candeur, car les femmes ne meurent pas d’amour aujourd’hui…

DON DIEGO.

Êtes-vous prêt ?

DON FÉLIX.

L’argent est compté. Allons.

DON DIEGO.

Vous raillez ? (D’un ton solennel.) Songez que vous allez mourir.

DON FÉLIX. (Il sort derrière lui en empochant l’argent avec indifférence.)

Il y a treize cents ducats.