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Page:Espronceda - L’Étudiant de Salamanque, trad. Foulché-Delbosc, 1893.djvu/51

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voilà ce qu’entend Montemar, et le bruit
croît plus proche, et en même temps
il entend se choquer des crânes
décharnés et séchés ;
la terre tremble autour de lui,
des vents en bataille beuglent,
les vagues en colère rugissent,
le tonnerre rauque éclate,
des plaintes tristes s’exhalent,
des lamentations s’élèvent :
tout est en une furieuse harmonie,
tout est en un frénétique tapage,
tout est en un bouleversement confus,
tout est mêlé et divers.

Et bientôt le fracas augmente
confus et mêlé en un son
qui, rauque, dans les voûtes profondes
bourdonne et tonne furieusement ;
et un écho qui, aigu, semble
la voix de l’ange du jugement,
s’éleva en clameur stridente
effrayante et sonore ;
il entendit à ses pieds, des tombes bouleversées,
les morts, entendant soudain
la haute volonté de Dieu,
claquer des dents avec fracas,
heurter les pierres de leurs crânes
en une rage et des efforts féroces,
essayant de briser la dalle
et de fuir de leur éternelle demeure.

Et tout à coup il sentit la salle
s’abîmer dans une horrible explosion
et à ce bruit infernal
il vit cent spectres se dresser :
ils fixèrent sur lui les cavités de leurs yeux
et leurs doigts secs ;