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Page:Espronceda - L’Étudiant de Salamanque, trad. Foulché-Delbosc, 1893.djvu/55

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qu’une torche fatidique éclaire
leur noce de sa funèbre lueur
et préside à leurs voluptés ; que le tombeau
soit leur lit nuptial. »

Cependant la ronde frénétique
qui s’agite en un mouvement impétueux,
précipite de plus en plus
son vertige incessant ;
elle se hâte de plus en plus,
elle s’emporte de plus en plus,
et se défait en cercles
de plus en plus violents.

Elle s’échappe, roue chimérique,
et semble un point noir
dont le tournoiement s’évanouit
sous une lumière fantastique,
et ses lugubres hurlements
qui se propagent, effrayants,
fendent les airs rapides,
encore plus prolongés.

Et à ce vertige si continuel,
à ce charme si funeste,
à ce chant si horrible,
à cette lutte si terrible ;
entre les bras lubriques
qui le pressent prisonnier,
entre les mille caresses
du squelette hideux,

le courage jamais abattu
Montemar affaibli
sentit lui manquer
son corps déjà éreinté ;
et en même temps que son esprit
dément sa faiblesse,