Aller au contenu

Page:Espronceda - L’Étudiant de Salamanque, trad. Foulché-Delbosc, 1893.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs nœuds se resserrer de plus en plus ; une mer de sueur baigne son front intrépide, et sa fureur s’accroît de son impuissance ! C’est en vain qu’angoissé il lutte pour se dégager. Plus il redouble ses efforts, plus le spectre grossier, qui l’emplit d’horreur, se presse contre lui et le désire.

Et voici que, en un furieux tourbillon,
en une fantastique danse aérienne
dont l’esprit de l’homme ne peut
suivre le mouvement rapide,
les spectres commencèrent leur ronde :
tel, en circuits impétueux le vent
agite perpétuellement des tourbillons
d’épaisse poussière et de feuilles sèches.

Et pendant qu’ils élèvent leurs mains desséchées,
de leur bouche sans langue
sort comme un lugubre écho
semblable à un hurlement, une voix
effrayante, monotone, informe,
pareille à celle du vent
au sein des âpres roches.

« Chantons, dirent leurs cris,
la gloire, l’amour de l’épouse,
qui, heureuse, enlace à jamais
dans ses bras l’époux qu’elle aima :
que sa bouche se joigne à sa bouche,
que des délices éternelles soient scellées
par une suave et amoureuse caresse,
par un langoureux baiser d’amour.

« Que l’épouse et l’époux enlacés,
unis en de mutuels embrassements,
reposent pour toujours en paix,
en un doux et éternel repos ;