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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/30

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Nous serions à même d’indiquer les arrondissemens, les rues et jusqu’aux maisons malsaines, avec le chiffre annuel de leur mortalité. Il existe dans le quartier des Arcis une triste masure où depuis dix ans le nombre des morts est six fois plus considérable que dans les demeures spacieuses et commodes des autres quartiers de la ville. Nous n’attribuons pas à la seule influence du domicile l’élévation des causes morbides ; nous savons que les travaux, le genre de vie, les habitudes, déterminent aussi des accidens irréparables ; mais il est vrai de dire que le moral des habitans tend à se mettre partout au niveau des habitations. Ces rues étroites, obscures, fangeuses, où l’air demeure continuellement immobile, où le pavé ne sèche jamais, donnent asile à une sombre population dont le caractère est en rapport avec les lieux où elle séjourne. Au-dessous de cette classe utile qui pourvoit à sa subsistance par un travail dur et journalier, il en existe une autre partout reconnaissable à son dénuement absolu, à sa profonde dégradation ; race sans nom, qui ne possède que sa misère et ses vices. C’est un devoir de l’administration que de faire remonter à la société ces êtres déchus ; or, il n’est pas douteux que le milieu sordide où ils vivent ne contribue à les maintenir dans leur déplorable état.

Il se rencontre des esprits qui, séduits par des études spéciales, ne voient dans Paris que des maisons, des rues, des édifices, des murs ; pour ceux-là les habitans n’existent pas. Nous nous garderions bien de borner ainsi notre horizon ; si intéressante que soit l’enveloppe monumentale d’une ville comme Paris,