Aller au contenu

Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une importance bien plus grande se rattache à sa population. La statistique nous fournira quelques traits pour dessiner le caractère moral de Paris et de ses habitans. Il ne faut pas, toutefois, s’exagérer le secours qu’on peut tirer des chiffres. L’état de notre pays, et de notre ville en particulier, tient au développement de nos institutions, au progrès de nos mœurs et de nos idées, à la nature des établissemens fondés par la main des siècles et sans cesse modifiés par l’opinion. Ceux qui, séduits par la fantasmagorie des calculs, pensent avoir trouvé le moyen d’évaluer mécaniquement les ressources de notre ville, ses nécessités, ses souffrances, encouragent sans le savoir le principe matérialiste contre lequel nous nous proposons de réagir. La question est à reprendre de plus haut. Nous croyons que par la pensée, par l’observation fidèle des différentes classes de la société parisienne, on arriverait plus certainement à une connaissance approfondie de la situation morale que par la voie assez stérile des tableaux mathématiques.

Au premier coup-d’œil, Paris offre une masse compacte et homogène ; mais, comme en fouillant dans les entrailles de la terre, on voit reparaître d’étage en étage les restes d’une formation de plus en plus ancienne, conservée par les mains de la nature, de même une étude minutieuse et profonde des différentes couches découvrirait sous la surface actuelle de la société parisienne les restes de plusieurs sociétés antérieures. Les caractères physiologiques, propres aux différentes classes d’habitans, forment pour les yeux exercés autant de races distinctes qui se touchent, mais