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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/336

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orageux et stérile traversa la vie de Gall comme un météore. Elle tomba de son côté en langueur et mourut. N’ayant pu avoir la femme, le docteur voulut du moins avoir sa tête. Gall obtint en effet pour unique et dernière faveur de mouler les perfections de sa maîtresse. C’était pour l’homme un soin pénible ; mais c’était une bonne fortune pour le savant, qu’une telle trouvaille. Ce crâne, siège de si belles facultés, semblait formé exprès pour être mis sous les yeux de la science : il prit place dans la collection phrénologique, parmi les autres souvenirs de Gall, qui conserva aussi dans son cœur l’empreinte de cette tête si chère.

On voit que Gall n’était pas un de ces savans égoïstes et secs qui n’ont d’affection que pour une idée. Pendant son séjour à Paris, il fit la connaissance d’une femme charmante qui méritait de fixer sa destinée. La rencontre eut lieu, un peu par hasard, comme toutes les rencontres. Gall tenait en lesse un chien ; une jeune et jolie personne, qui passait ce jour-là dans la rue, en avait un autre, toujours par hasard. Les deux animaux s’accostent, se donnent le bonjour et deviennent bientôt les meilleurs amis du monde. Le maître et la maîtresse en firent autant. — « Le joli chien que vous avez là, mademoiselle. — Cela voulait dire : les beaux yeux que vous avez, la jolie taille. » On comprit, on rougit, on s’aima. Cet attachement fut sérieux. Douze ans après, Gall étant devenu veuf (Xantippe était morte), il épousa celle qui lui avait tenu jusque-là fidèle compagnie. C’était une personne aussi distinguée d’esprit que de figure. Les femmes du monde remarquaient, elles remarquent tout, que ma-