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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/337

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dame Gall se coiffait le front très découvert, sans doute pour plaire à son mari, qui aimait qu’on fit paraître ce miroir des facultés de l’âme. Une dernière anecdote ; c’est dans de semblables traits qu’on surprend mieux la révélation du caractère de l’homme. Gall allait faire à une dame de la société des visites fréquentes et secrètes, qui déplaisaient à sa femme. Le sachant sujet à caution, elle lui défendit d’y retourner. Gall promit, et les soupçons s’évanouirent. Un jour pourtant madame Gall, qui avait pris ombrage de nouveau, se mit en devoir de suivre son mari. Il allait ; peu-à-peu elle le voit prendre le chemin de la rue et de la maison interdites ; il monte. Notre grave docteur avançait la main pour saisir le cordon de la sonnette, quand tout-àcoup il se retourne au bruit d’un pied alerte qui montait l’escalier, et reconnaît, qui ? sa femme. Égarée par l’emportement de la jalousie, elle lui donne, de la plus jolie main du monde, un soufflet. Ô dépit ! La bonne et large figure de Gall ne répondit à cette offense que par un éclat de rire.

Malgré sa vie aventureuse, Gall recherchait fort le calme et le demi-jour d’un intérieur hanté par quelques amis. À Vienne il avait une maison avec jardin. À Montrouge, près Paris, il se livrait lui-même avec ardeur aux soins de l’horticulture, et savait élever les plus beaux arbres à fruit qu’on puisse voir. Plus orgueilleux que vain, il mit un empressement médiocre à briguer les honneurs publics. Sa place, comme celle de tous les hommes excentriques, était d’ailleurs marquée hors du monde parmi les philosophes qui